L'identité de la ville

Identité – Incarnation - Ambition
Les marqueurs
L'identité d'une ville ou d'un territoire s'incarne de multiples manières. Son patrimoine historique est le premier marqueur. La ville peut être reconnue pour son architecture, comme Carcassonne et ses remparts. Elle peut également être incarnée par de grandes figures historiques, comme c'est le cas pour Ajaccio et Napoléon. D'autres villes se caractérisent par la gastronomie. Une spécialité a fait leur renommée comme à Cambrai, Montélimar et bien d'autres… Ou une lignée de grands chefs étoilés, comme les Troisgros à Roanne. Le passé industriel peut également être un déterminant et une source de fierté, comme c'est le cas dans les villes des bassins miniers du Nord.

Plus récemment d'autres types de marqueurs sont apparus. La culture, avec le développement des festivals dans leur forme moderne. De nombreuses villes se sont ainsi placées sur la carte de l'événementiel. Plus de cent festivals drainent chaque année 7.5 millions de festivaliers. C'est le cas d'Angoulême avec la BD ou de Bourges avec son célèbre printemps. Un des exemples le plus remarquable est sans doute le festival des vieilles charrues, qui fait travailler sept cents personnes, deux cent soixante entreprises et a généré 18 millions de chiffre d'affaires en 2019. Lens a également joué la carte de la culture en accueillant le Louvre. Le sport à travers des événements comme les 24 heures du Mans ou le départ du tour de France est également un vecteur médiatique puissant. D'autres formes de tourisme se développent autour de l'identité territoriale. Le tourisme mémoriel (Verdun), industriel (musée de la Mine Lewarde), d'itinérance comme le pèlerinage (St-Jacques de Compostelle), les routes des vins, l'agritourisme ou le vélo tourisme (Loire à vélo, EuroVélo 6, etc.)

Enfin, il ne faut pas négliger l'importance du cinéma et le rôle croissant des séries télé. Les parapluies de Cherbourg, les demoiselles de Rochefort ou les galettes de Pont-Aven ont ancré pour longtemps le nom de ces villes dans la mémoire des Français. A un autre niveau, Amélie Poulain a fait découvrir Montmartre au monde entier. La télé, à travers des séries comme "Meurtres à …", nous fait voyager dans une ville différente à chaque épisode. La météo met chaque soir, aux heures de grande écoute, un coup de projecteur sur quelques villes de province. Pour leurs habitants, c'est une fierté d'être cité. Ça veut dire qu'on existe. Qu'on est sur la carte de France. Cette mise en valeur du territoire à travers le cinéma ou la télé, fait l'objet d'une véritable concurrence et certaines villes n'hésitent pas à mettre la main à la poche pour attirer les équipes de tournage, en tous cas beaucoup les accueillent dans des conditions favorables.

En conclusion, qu'il soit historique, patrimonial, gastronomique, touristique, culturel, sportif, industriel, mémoriel, spirituel, cinématographique… Ces marqueurs sont indispensables à la construction de l'identité. La ville a besoin de points de fixation pour s'incarner. Les marqueurs sont les valeurs phares autour desquelles les habitants vont spontanément se rassembler. C'est sur ce terreau que la fierté d'appartenir à un territoire va s'épanouir.

De la carte postale à la carte économique
Les marqueurs doivent évoluer en permanence. Valenciennes au passé minier et sidérurgique a retrouvé une nouvelle identité grâce à la Yaris de Toyota. Dans un monde changeant, la mise à jour de l'image est un facteur déterminant de l'attractivité de la ville.
Il faut apprendre à surfer sur la carte postale pour s'inscrire dans la carte économique. Besançon, s'est appuyée sur la réputation de son industrie horlogère pour se développer dans les technologies de précision et la microtech.
Il faut également déjouer le piège de l'hybridation des cultures pour garder son identité. Autrement dit, comment Castelnaudary peut-elle rester l'emblème du cassoulet quand sa population se nourrit de burgers ou de tacos ? Le défi est difficile à relever. Comment préserver son identité et donc la fierté d'appartenir à un territoire dans un monde qui se globalise et dont les modes de vie, la culture, la gastronomie, les accents s''uniformisent.
L'éducation joue un rôle essentiel. Les habitants sont les premiers ambassadeurs de leur ville. Ils doivent en connaitre le passé et les traditions. C'est la première pierre de l'édifice. Mais à l'ère de la communication et de la compétition entre les territoires, cela ne suffit pas.

Marketing territorial.
Aujourd'hui la cité est "brandée" (Brand = marque). Le marketing territorial joue un rôle déterminant dans la notoriété et l'attractivité des villes. Il s'agit d'observer le territoire à travers un prisme différent. Celui du touriste, de l'investisseur, de l'étudiant… Bref en regardant le territoire de l'extérieur, en le "benchmarquant", comme disent les spécialistes du marketing, c'est-à-dire en comparant ses forces et ses faiblesses à ceux d'autres secteurs, on identifie plus facilement ses atouts. C'est à partir de ces éléments que l'on peut construire une politique de marque de la ville.
Par exemple, avec "Work in Lanion", la ville a créé une marque employeur. "Je suis #Rémois(e) et fier(e) de l'être", visait à renforcer le sentiment d'appartenance à la ville.
Les actions de marketing territorial ont bien sûr une finalité économique, mais elles visent également à consolider l'identité de la ville. En rassemblant les habitants autour d'une marque ou de slogans clairs et faciles à s'approprier, ces campagnes de communication renforcent la cohésion de la population et contribuent fortement à restaurer la fierté d'être un Neversois, un Agenais ou encore un Ruthénois (Habitant de Rodez).
Le Maire et les enfants du pays
La ville est incarnée par ses marqueurs, eux-mêmes renforcés par le marketing territorial. Elle est également portée par ses habitants. Ces hommes et ses femmes qui façonnent le territoire au quotidien.
Les enfants du pays. Ceux qui ont réussi et dont on est fier. Ceux qui ne renient pas leurs racines : Astaffort serait inconnue sans Francis Cabrel. Gérard Depardieu continue de faire rêver les ados de Châteauroux. Dans un autre registre, Jean-Christophe Ruffin, médecin et diplomate, né à Bourges, reste profondément attaché à sa ville et son histoire, comme en témoigne son roman "Le grand coeur", consacré à la ville de Jacques Coeur.
A l'instar du commandant Cousteau, né à Saint-André de Cubzac, de Didier Deschamps né à Bayonne ou d'Emmanuel Macron, né à Amiens, la province a fourni bien plus de personnalités que la capitale.
Le Maire. De par ses prérogatives, le Maire est l'incarnation politique de la ville. C'est à lui qu'on attribue le rebond ou le déclin.
C'est sur lui que l'on compte pour embellir l'espace, pour améliorer la vie au quotidien, pour développer le tissu économique, pour offrir des perspectives. Il est également l'incarnation humaine de la ville. Mariage, cérémonies, gestion des crises… Il est en première ligne. C'est lui qui représente physiquement la ville. En d'autres temps politiques, où le cumul des mandats n'était pas un gros mot, il pouvait même être Député-Maire. Il portait alors la parole de sa ville et de sa région à l’Assemblée nationale.
Ambition
Identité, fierté, incarnation… Pourquoi faire ? Les villes moyennes ont-elles de l’ambition ? Ont-elles abdiqué ? Se sont-elles résignées au déclin ? Ont-elles les moyens de leurs ambitions ? Ou n'ont-elles pas l''ambition de se donner les moyens ? En fonction des territoires, de leurs atouts et des femmes et des hommes qui les animent, toutes ces options font partie du diaporama.
Ce sont sans nul doute les femmes et les hommes qui feront la différence. Les habitants des villes médianes ont besoin de leaders aptes à restaurer la fierté d'être provincial et d'appartenir à un territoire riche de culture et de traditions. Les habitants doivent se montrer capables de magnifier l'art de vivre en province, tout en se tournant vers l'avenir. Les villes médianes ont envie de croire en leurs chances. Elles ont soif de futur et comptent sur des équipes ayant une volonté farouche d'impulser une dynamique de rebond économique.

Les annotations des lecteurs

0 annotation sur le chapitre 6